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L’endométriose : au-delà de l’utérus, une maladie qui s’étend


L’endométriose est une maladie gynécologique inflammatoire chronique qui concerne près de 190 millions de femmes dans le monde. En France, on estime qu’elle touche 1 femme sur 10 en âge de procréer, avec un impact parfois lourd sur la vie personnelle, professionnelle, sociale et intime.

Et pourtant, malgré ces chiffres alarmants, cette maladie reste méconnue, mal diagnostiquée et souvent mal prise en charge.

Qu’est-ce que l’endométriose ?

L’endométriose se définit par la présence de tissu semblable à l’endomètre — la muqueuse qui tapisse normalement l’intérieur de l’utérus — en dehors de la cavité utérine. Ce tissu peut se fixer sur les ovaires, les trompes, le rectum, la vessie, le péritoine... et parfois au-delà.

Ces cellules “hors de leur place” réagissent aux fluctuations hormonales du cycle menstruel. Elles s’épaississent, saignent, s’enflamment — mais sans pouvoir s’évacuer comme le ferait un flux menstruel normal. Cela entraîne des inflammations chroniques, des adhérences (accrochements entre les organes), des kystes ovariens, et une douleur qui peut devenir invalidante.

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Une maladie aux origines encore débattues

L’endométriose est une maladie multifactorielle, dont les causes exactes ne sont toujours pas élucidées. Plusieurs théories scientifiques coexistent :

  • La théorie des règles rétrogrades (Sampson, 1927) : une partie du sang menstruel remonterait dans la cavité pelvienne via les trompes, transportant avec lui des cellules endométriales qui s’implantent ailleurs.

  • La métaplasie coelomique : certaines cellules du péritoine se transformeraient spontanément en cellules endométriales.

  • La dissémination lymphatique ou sanguine : des cellules endométriales voyageraient via les vaisseaux jusqu’à d’autres régions du corps.

  • D’autres hypothèses incluent des causes immunitaires, génétiques, environnementales, ou une inflammation chronique préexistante.

Aucune de ces explications ne suffit à elle seule. Il semble que ce soit un croisement entre terrain génétique, déséquilibres hormonaux, perturbations immunitaires et chocs inflammatoires ou traumatiques.

L’endométriose extrapelvienne : au-delà du bassin

On parle souvent de l’endométriose comme d’une maladie “pelvienne”. Pourtant, dans certains cas, elle s’étend bien au-delà.

On parle alors d’endométriose extrapelvienne, lorsque des lésions apparaissent :

  • Sur le diaphragme

  • Dans les poumons

  • Sur la paroi abdominale

  • Autour du nerf sciatique

  • Dans le cerveau (rarement)

  • Et également sur le péricarde, cette fine membrane qui enveloppe le cœur

Ces atteintes sont mal connues et peu recherchées, car elles sortent du champ gynécologique. Les patientes peuvent ressentir des douleurs thoraciques cycliques, des troubles respiratoires, des douleurs dans l’épaule ou le dos, une fatigue inexpliquée... autant de symptômes souvent décorrélés par les médecins, mais qui s’inscrivent pourtant dans le continuum évolutif de l’endométriose.

L’urgence du dépistage et de la formation médicale

Dans ce contexte, le dépistage précoce est fondamental. Plus la maladie est identifiée tôt, plus on peut limiter les atteintes irréversibles sur les organes, prévenir la chronicisation de la douleur et offrir un accompagnement adapté. Mais cela suppose une chose essentielle : former les professionnels de santé à la reconnaissance de cette pathologie.

Car l’endométriose dépasse le seul champ de la gynécologie. Elle concerne aussi bien les médecins généralistes, les urgentistes, les gastro-entérologues, les radiologues, les rhumatologues, les kinésithérapeutes, cardiologues, phlébologues que les professionnels du soin psychique et somatique.

Aujourd’hui, l’errance médicale reste massive : il faut en moyenne entre 7 et 10 ans pour obtenir un diagnostic, parfois davantage pour les formes extrapelviennes. Trop de femmes voient leurs douleurs minimisées, psychiatrisées, médicalement banalisées. Trop de praticiens ne sont pas formés à interpréter les symptômes gynécologiques complexes, à prescrire les bons examens, ou encore à orienter vers des centres experts.

Reconnaître l’endométriose comme une maladie systémique impose un changement de paradigme dans la formation médicale : il ne s’agit plus seulement de savoir traiter une pathologie, mais d’apprendre à écouter, relier, et accompagner dans la durée.

Une réponse globale : la psychosomatique intégrative

Face à une maladie aussi multi-systémique, la réponse ne peut pas être unilatérale. C’est ici que la psychosomatique intégrative prend tout son sens.

À la croisée des neurosciences, de la médecine somatique et de la psychanalyse, cette approche développée par de Pr J.B. Stora permet :

  • de reconnaître l’inscription corporelle de l’histoire psychique ;

  • d’aborder les douleurs non comme de simples symptômes, mais comme des messages porteurs de sens ;

  • de créer un espace d’écoute du corps, des émotions et de l’inconscient, sans réduire la maladie à une “psycho-explication” ni à un simple diagnostic médical.

Loin de toute dichotomie corps/esprit, la psychosomatique intégrative tisse du lien entre les disciplines. Elle permet de reconnaître l’unicité de chaque femme, son vécu, ses traumas, son chemin. C’est un accompagnement sur-mesure, où la parole, le toucher thérapeutique, la compréhension biologique et le soutien émotionnel peuvent coexister.

Ce que je vois dans ma pratique

En tant que thérapeute atteinte d'une forme rare d'endométriose, spécialisée dans les douleurs gynécologiques et l’accompagnement des femmes, je rencontre des corps épuisés, figés, isolés, parfois en lutte contre eux-mêmes. Des femmes qui ont été mal écoutées, mal comprises, déconnectées de leur centre.

Mais je vois aussi des femmes qui reprennent pouvoir et conscience, dès lors qu’on leur ouvre un espace de soin global, bienveillant, sans jugement.

La douleur n’est jamais “juste dans la tête”. Elle est inscrite dans le corps, dans le tissu, dans la mémoire cellulaire. Elle parle parfois d’une blessure intime, d’un silence ancien, d’un non-dit enfoui. Et ce langage mérite d’être entendu.


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