Cerveau émotionnel, cerveau biologique : quand l'esprit parle par le corps
Dans notre société, on a longtemps séparé le corps et l’esprit. Le corps d’un côté, le psychisme de l’autre. Pourtant, la science et l’expérience clinique nous montrent chaque jour que ces deux dimensions sont intimement liées. Pour comprendre ce lien, il est essentiel de se pencher sur deux grands aspects de notre cerveau : le cerveau biologique et le cerveau émotionnel — et de les relier à une approche de plus en plus reconnue : la psychosomatique.
Le cerveau biologique : notre base neurologique
Le cerveau biologique, c’est notre cerveau tel que l’étudie la neuroanatomie : un organe complexe constitué de neurones, de circuits, de neurotransmetteurs. Il comprend trois grandes parties :
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Le cerveau reptilien (instincts, survie)
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Le cerveau limbique (émotions, mémoire)
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Le cortex (réflexion, langage, conscience)
Chacune de ces structures a un rôle bien défini dans notre fonctionnement quotidien. Par exemple, le cortex préfrontal nous aide à prendre des décisions réfléchies, tandis que l’amygdale (dans le système limbique) déclenche la peur face à un danger perçu.
Le cerveau émotionnel : mémoire affective et ressenti
Le terme cerveau émotionnel désigne principalement le système limbique : l’amygdale, l’hippocampe, l’hypothalamus... Ce sont les zones qui traitent nos émotions, nos souvenirs affectifs, notre attachement.
Ce cerveau émotionnel agit souvent plus vite et plus profondément que notre raison. Il mémorise les émotions associées à une situation, parfois dès la petite enfance, et les réactive sans qu’on en soit toujours conscients. Il peut ainsi influencer nos réactions corporelles, notre stress, notre digestion, notre sommeil, etc.
Psychosomatique: un pont entre science et sens
La psychosomatique intégrative est l’approche développée par le Pr J-B Stora, qui reconnaît que des symptômes physiques peuvent être l’expression d’un conflit émotionnel inconscient. Elle ne nie pas l’existence de la maladie physique, mais explore son sens symbolique et émotionnel.
Par exemple :
Une douleur pelvienne chronique peut être liée à un vécu de traumatisme sexuel ou de verrouillage émotionnel dans la zone intime.
Des troubles digestifs peuvent refléter une incapacité à "digérer" une émotion, une situation vécue comme injuste ou douloureuse.
L’endométriose, le vaginisme ou les douleurs gynécologiques peuvent parfois traduire un conflit entre féminité, sexualité, et sécurité intérieure.
Le cerveau émotionnel, lorsqu’il est submergé ou qu’un vécu n’est pas conscientisé, envoie des signaux au corps. C’est là que la maladie ou la douleur devient un message. Ce n’est pas “dans la tête” — c’est dans la mémoire du corps, et cette mémoire est bien réelle.
Comprendre l’articulation entre cerveau biologique et émotionnel, c’est ouvrir un espace où la douleur n’est plus seulement un problème à faire taire, mais une porte vers une connaissance de soi. Grâce à la psychosomatique intégrative, nous pouvons :
Identifier les émotions non exprimées qui somatisent
Redonner du sens à une maladie ou un symptôme
Reconnecter le corps et le psychisme pour entamer un chemin de guérison globale
En conclusion
Le cerveau biologique traite, régule, transmet. Le cerveau émotionnel ressent, enregistre, colore notre vécu. Et la psychosomatique intégrative, elle, traduit : elle nous aide à entendre ce que le corps tente de dire quand les mots ne suffisent plus.
Accueillir la douleur, c’est parfois écouter ce qu’on n’a jamais osé dire.
Source: Neuropsychanalyse - édition MJW - du Pr Jean Benjamin STORA